
La famille BODERE- La découverte des corps
Marie-Jeanne et son cousin Jean, sont de retour chez eux. La découverte des corps de Bertrand et du petit Michel a lieu quelques heures plus tard.
L’enquête
La découverte des corps
Il est cinq heures trente en ce samedi 3 octobre. Marie-Jeanne CLOAREC, cultivatrice, se rend à la grève. Sur son chemin, elle découvre le corps de Bertrand. Elle le reconnait, mais pense qu’il est juste ivre. Elle part alors chercher le beau-frère de Bertrand, Nicolas DURAND.

Notre-Dame-de-la-Joie- Penmarc’h- AD29- 2 Fi 58/46
Pendant ce temps-là, Jean LE BEC, cultivateur de vingt-huit ans, passe devant Bertrand. Il pense également que Bertrand est juste ivre. Il s’approche de lui et s’aperçoit qu’il est mort.
Bertrand BODERE est sur le dos, la jambe droite repliée sous la jambe gauche. Ses deux bras sont étendus le long de son corps. Son chapeau est tombé un peu au-dessus de la tête. Celle-ci est écrasée et couverte de sang. Sous le corps, entre sa tête et ses épaules, se trouve une large tache de sang coagulé.
Jean LE BEC part aussitôt prévenir le Maire, Vincent TANNEAU. Il est un peu plus de six heures du matin.
Vincent fait prévenir le juge de Paix de Pont-l’Abbé avant de se rendre sur les lieux du crime.
Entre-temps, Marie-Jeanne CLOAREC et Nicolas DURAND sont revenus près du corps. Nicolas indique au Maire qu’il s’agit bien de Bertrand BODERE, son beau-frère.
Vincent laisse le corps tel qu’il l’a trouvé. Les personnes présentes sur place lui indiquent que les meurtriers sont sans aucun doute Marie-Jeanne BODERE et Jean LE GOFF.
Monsieur le Maire se rend alors chez la présumée coupable. Le Juge de Paix, Maxime CASSAGNE et le Maréchal des logis, Mr. LE BEURRIER, l’accompagnent.
Tous trois, ils découvrent le corps de l’enfant, Michel, qui n’a pas encore six mois, dans son berceau.
Après un brève interrogatoire, Marie-Jeanne avoue le meurtre de son époux, avec la complicité de son cousin. Cependant, elle indique qu’elle n’est pour rien dans la mort de son fils.
Pendant ce temps, Jean n’est pas présent. Il accompagne son beau-frère à Plomeur et Pont-l’Abbé. Sur le chemin du retour, les gendarmes l’interpellent.
Il est déjà vingt-trois heures lorsque le Juge d’Instruction arrive sur le lieu du crime. À l’aide des lanternes, le docteur Constant DEBOUDT procède à l’examen superficiel des plaies.
Le corps de Bertrand est ensuite conduit jusqu’à son domicile au hameau de Keryaouen. Il est mis sous la protection des gendarmes.
Le lendemain, dès sept heures du matin, les médecins DEBOUDT et COASMAO-DUMENEZ pratiquent les autopsies de Bertrand et du petit Michel.
Les résultats d’autopsie
Les autopsies se déroulent dans une grande, afin que les médecins bénéficient de luminosité, tout en étant à l’abri des regards.
Après l’examen du corps de Bertrand, Mrs. DEBOUDT et COSMAO-DUMENEZ concluent ceci :
- Bertrand est habitué à boire de grandes quantités d’alcool ;
- La mort résulte de plusieurs coups violents à la tête ;
- Qu’il a subi des coups violents sur la poitrine et l’abdomen : Ces violences ne nous ont point paru avoir occasionné la mort, mais elles ont dû hâter la terminaison fatale en rendant impossible les derniers mouvements respiratoires du sujet, derniers vestiges, chez lui d’une vie organique ;
- Qu’il a bien mangé du kouign empoisonné.
Conclusions de l’autopsie de Bertrand BODOERE- Extrait du dossier d’assise- AD29– Cote 4 U 2/227
Les médecins passent ensuite à l’autopsie du bébé. Ils concluent qu’il est mort de faim. Ce manque de nourriture peut provenir d’un défaut d’alimentation ou d’une malformation du système digestif.
Après les autopsies, les gendarmes effectuent une perquisition chez les époux BODERE, mais ne trouvent rien.
Le Juge d’Instruction, de retour dans le bourg de Penmarc’h, interroge six témoins, dans une salle mise à la disposition par le Maire. Il émet ensuite un mandat d’arrêt contre Marie-Jeanne BODERE et son cousin Jean LE GOFF.
Le lendemain, 5 octobre 1874, les deux inculpés sont conduits à la Maison d’arrêt de Quimper.
L’instruction
Durant l’enquête, vingt-huit personnes sont entendues. Elles sont toutes unanimes pour dire que Marie-Jeanne a un mauvais caractère, est sale, couverte de vermine et s’occupe très peu de ses enfants. À l’inverse, son mari est travailleur et a un bon caractère.
Ceux qui connaissent Jean indiquent qu’il est fainéant et a un goût pour la débauche.
Les cousins criminels subissent quatre interrogatoires. Ils avouent leur crime, mais rejettent systématiquement la faute sur l’autre.
Le 28 novembre 1874, les médecins rendent les résultats d’analyses faites sur plusieurs pièces à convictions, à savoir :
- Un morceau de sulfate, afin de le comparer à ceux trouvés dans le kouign. Ils confirment qu’il s’agit bien de la même substance et qu’il y en a suffisament pour tuer une vingtaine d’hommes ;
- Le contenu stomacal de Bertrand, qui montre qu’il a bien mangé du kouign, mais qu’il n’a pas eu le temps de la digérer ;
- Une jupe tâchée de Marie-Jeanne. Après avoir plongé des morceaux de la jupe dans une solution contenant divers éléments chimiques et une analyse au microscope, ils concluent que les taches sont des taches de sang.
En cette fin novembre, moins de deux mois après le meurtre, l’enquête est close.
Article écrit dans le cadre des ateliers blog de CLG Formation-Recherches.