La famille BODERE- Les jugements et sentences
Le lendemain de leur crime, Marie-Jeanne BODERE et Jean LE GOFF sont arrêtés. Placés en détention, ils attendent leurs jugements et sentences.
Jugements et sentences
Audience du 18 janvier 1875
Le lundi 18 janvier 1875, à dix heures du matin, une première audience a lieu au Palais de Justice de Quimper. La foule, nombreuse, se presse dans l’enceinte du Palais.
Palais de justice de Quimper- AD29- 33 Fi 173
Cependant, l’audience tourne court. Me DUREST-LEBRIS, l’avocat de Marie-Jeanne BODERE demande un recours. Selon lui, sa cliente ne jouit pas pleinement de ses facultés mentales et on ne peut lui imputer ce crime odieux.
Le Procureur de la République accepte la demande de l’avocat.
Il nomme trois médecins qui auront pour mission d’examiner à plusieurs reprises Marie-Jeanne, afin de savoir, si oui ou non, elle jouit complètement de ses facultés mentales.
Le Président reporte ainsi l’audience. Cependant, Jean LE GOFF, ne souhaite pas passer plus de temps en prison. Il demande un jugement immédiat, mais le Président refuse.
Audience du 8 avril 1875
Après avoir observé Marie-Jeanne, les médecins la place dans un état entre la raison et la folie.
Une seconde audience se déroule le 8 avril 1875.
Au vu des résultats d’analyse, l’avocat de Marie-Jeanne BODERE, demande pour elle des circonstances atténuantes.
L’audience débute à dix heures du matin. La foule est venue en nombre, et tout se déroule dans le calme.
L’acte d’accusation est lu, dix-huit témoins sont entendus à tour de rôle. Marie-Jeanne BODERE et Jean LE GOFF sont entendus une nouvelle fois.
L’avocat de Jean demande également des circonstances atténuantes. Selon lui, son client est moins coupable que Marie-Jeanne BODERE, car il n’a pas préparé le crime.
Il est vingt heures. L’audience a débuté il y a déjà dix heures. Le jury se retire enfin pour délibérer.
Les sentences
Six mois après le meurtre de leur époux et cousin, Bertrand BODERE, Marie-Jeanne et Jean vont être fixés sur leur sort.
Les circonstances atténuantes ne sont pas retenues pour Marie-Jeanne. Le Tribunal la condamne à la peine de mort. À l’inverse, elles sont retenues pour Jean. Le jeune homme de dix-neuf ans est condamné aux travaux forcés à perpétuité.
Le dimanche 2 mai 1875, Jean arrive à la Maison d’Arrêt de la Rochelle. Il rejoint le dépôt de Saint-Martin-de-Ré le 5 mai suivant.
Le 25 mai 1875, le Président MAC MAHON, commue la peine de mort de Marie-Jeanne en peine de travaux forcés à perpétuité. Cette commutation est liée aux doutes persistants sur l’état mental de Marie-Jeanne.
Quelques jours plus tard, elle quitte la Maison d’Arrêt de Quimper. Quelques jours plus tard, elle arrive à la Maison Centrale de Rennes où elle effectuera sa peine.
Le 1ᵉʳ septembre 1875, en fin de journée, Jean embarque sur le Rhin, transporteur pénitentiaire. Il part pour l’Ile Nou, en Nouvelle-Calédonie. Il arrive sur l’île en février 1876, après cinq mois de traversée.
Un peu plus d’un an après son arrivée à Rennes, Marie-Jeanne BODERE décède. Elle n’a pas encore vingt-cinq ans. Sa mort survient le mardi 29 août 1876.
Son cousin, quant à lui, survit trente-trois ans sur l’ile. Malgré une commutation de peine, il ne partira jamais. Il y décède le mercredi 24 avril 1907, à l’âge de cinquante-et-un ans.
Jean-Marie BODERE
Après le meurtre de son père et la condamnation de sa mère, le petit Jean-Marie BODERE, deux ans et demi, est mis sous la tutelle de Jean-Mathurin BODERE, son oncle. Il grandit chez lui.
Le 15 janvier 1896, il se marie à Penmarch. Il épouse Marie-Louise BODERE, une lointaine cousine.
Ensemble, ils ont quatre enfants, dont seulement un survit.
Jean-Marie BODERE décède le 29 août 1921 à l’âge de quarante-neuf ans.
Article écrit dans le cadre des ateliers blog de CLG Formation-Recherches.
Quelle histoire….. Tu as retracé tout, du début à la fin! Beau travail de synthétisation des informations que tu as trouvées!
L’île Nou, un enfer là bas…. C’était systématiquement un aller sans retour. Les plus chanceux survivaient à leur peine et rester peupler l’ïle ensuite. Les moins chanceux mourraient durant leur détention, voire même durant le trajet avant même d’y arriver.
Merci beaucoup David 😃. Pas facile de synthétiser tous les éléments, ça m’a pris un peu de temps.
Oui, cette île est un véritable enfer pour tous ceux qui y sont allés.
Voilà un fait divers dans mon pays de coeur! Je vais peut-être me méfier des kouings dorénavant…😁
Le récit est bien mené! Bravo
Merci Véronique 😀
Ne t’en fais pas, tant qu’il n’y a pas de morceaux bleus et craquants dans ton kouign, tu peux en manger sans crainte 😂