Le Cheval Breton
Le cheval Breton, comme son nom l’indique, est originaire de Bretagne. Depuis plusieurs siècles, il possède une grande importance dans la région.
Petit et robuste, le cheval Breton accompagne nos aïeux dans leur vie quotidienne : transport, travaux des champs, poste, mais aussi pour des pratiques sportives. Dans cet article, je vais vous en présenter un exemple.
Mais avant, une petite présentation rapide du cheval Breton.
Le cheval de trait
Il en existe deux types : le trait dit standard et le postier.
Le trait breton est puissant et massif. Le trait accompagne nos ancêtres pour les travaux agricoles, notamment pour la tractation des outils lourds tels que la charrue ou des charrettes pleines de goémon comme présentée ici.
Cheval de trait- AD29- 2 Fi 303/543
Le postier est plus léger, mais tout aussi puissant. Celui-ci tracte les charrettes pleines de courrier (d’où son nom) ou encore les omnibus de voyageurs.
Le cheval Breton à même sa capitale. Celle-ci se trouve à Landivisiau, dans le Finistère. Si d’aventure, vous passez par là à la Pentecôte, n’hésitez pas à vous rendre sur le Champ de Foire. Tous les ans, sur cette place, depuis un siècle, un concours de chevaux de trait et postier y a lieu.
Champ de Foire à Landivisiau- AD29- 2 Fi 105/52
Le Raid du Nouvelliste1
Le postier, donc, plus rapide que le standard, est également utilisé à des fins plus sportives. Très endurant, il participe à de nombreuses courses, dont les raids.
Tire, postière bretonne- AD29- 2 Fi 303/591
Moqueuse, la postière bretonne
Moqueuse, postière bretonne, participe à celui du Nouvelliste en mai 1923. Elle a onze ans et mesure 1,60 m. Le journal La Bretagne Hippique et Agricole la donne favorite du fait de ses différents succès aux raids finistériens, mais surtout du fait de sa généalogie (et oui !).
Fille de Soliman, ½ s normand, -qui a donné tant de beaux et bons chevaux qui ont brillé dans tous les concours de France, – et de Titania, par Magicien et Fleurette, elle réunit dans son ascendance les sang de James Walt et Cherbourg Wichnous, p.s., ce qui lui donne à la fois des aptitudes exceptionnelles de tenue et de vitesse.
La Bretagne Hippique et Agricole– 5 mai 1923
Moqueuse a donc tout ce qu’il faut pour gagner le Raid du Nouvelliste qui relie Rennes à Caen, puis Caen à Rennes.
Le samedi 5 mai, elle fait son entrée à Rennes avec l’équipe finistérienne. Le lendemain, à partir de 9 h 30, les voitures, qui doivent être tirées par les chevaux, sont pesées. Elles doivent avoir un poids minimum de 100 kg.
Le départ du Raid
Il y a trente-huit chevaux engagés pour ce raid. Malheureusement, dix-huit d’entre eux abandonnent avant le départ.
Le lundi 7, à 7 h, les voitures se rassemblent place de Mairie à Rennes. Les participants doivent se ranger dans l’ordre d’engagement. Moqueuse part en 23ᵉ position. À 8h, le départ est donné et une voiture part toutes les quinze secondes.
Départ du Raid du Nouvelliste- 8 mai 1923- retronews.fr- ©BnF
Pour ce premier jour, les coureurs doivent parcourir 57 km, entre Rennes et Pontorson, en deux étapes. La première étape entre Rennes et Antrain (46 km) doit se faire en 3 h 35. Les onze derniers kilomètres se font à vitesse libre. Il faut 20 min à Moqueuse pour parcourir ces derniers kilomètres.
Sur les vingt participants sur la ligne de départ, Moqueuse arrive en sixième position.
Tout l’Ouest demande des nouvelles de cette première étape, le Finistère en tête :
Mais c’est du Finistère que nous sont parvenues les plus nombreuses et les plus pressantes demandes de renseignements.
Le Nouvelliste de Bretagne– 8 mai 1923- retronews.fr- ©BnF
Il n’est pas une ville qui ne nous ait fait jusqu’à cinq et six appels téléphoniques.
C’est que les Finistériens sont fiers de leur team et font des vœux sincères et ardents afin qu’il se place bien dans le classement général du Raid.
Après une nuit de repos dans un box confortable, les chevaux reprennent la course. Pour cette deuxième épreuve, ils doivent rallier Pontorson à Saint-Lô, soit 75,8 km. Là encore, le trajet se fait en deux étapes.
Les coureurs doivent arriver à Villebaudon en 4 h 05 min. Les 18 km restants se font à vitesse libre, sous la pluie et l’orage. Avec un temps de 39 min, Moqueuse se hisse à la quatrième place.
Durant la course, quatre chevaux ont dû abandonner pour cause de blessures. Ils ne sont plus que seize à participer.
Le clou de rue
Il est huit heures trente en ce mercredi 9 mai 1923. Le départ pour la troisième étape vient d’être donné. Les concurrents se rendent de Saint-Lô à Caen. La première étape, de 37 km, jusqu’à Tilly-sur-Seulles, doit se faire en 2 h 45. Une fois arrivée, il restera 17 km pour rejoindre Caen.
Le départ de Tilly est donné à 16 h 30. À 17 h 04, les premiers coureurs arrivent. Moqueuse n’arrive qu’à 17 h 20 et se retrouve dernière au classement général. Que lui est-il arrivé, elle qui la veille était quatrième ?
D’après le Nouvelliste de Bretagne, en date du 10 mai 1923, son retard est dû à une blessure, appelé clou de rue :
D’autre part, le retard de Moqueuse est dû uniquement à ce que la jolie bête de M Massé a eu un clou de rue dans son sabot. Moqueuse a dû s’arrêter et n’a pu repartir que lorsque le clou lui a été enlevé.
Le Nouvelliste de Bretagne– 10 mai 1923- retronews.fr- ©BnF
Chez le cheval, le clou de rue est une atteinte traumatique du pied par un objet pointu, généralement métallique (clou, fil de fer…) qui va pénétrer dans le pied en perçant la sole ou la fourchette2
Coupe sagittale d’un pied de cheval- © Bigomar
Le lendemain est une journée de repos. Tous les spectateurs espèrent que Moqueuse sera sur la ligne de départ le 11 mai pour prendre la route du retour.
Malheureusement, sa blessure, plus sérieuse que prévu, l’empêche de finir la course.
Ce n’est que partie remise pour Moqueuse, qui, à la fin du mois, participe à une course attelée à Saint-Pol-de-Léon, où elle finit cinquième.
L’héritière
À la fin du mois de juin, son propriétaire, Charles Massé3, habitant à Brest, ne pouvant plus s’en occuper, la vend aux enchères. Ce dernier décède le mois suivant.
M. CORRE, un brestois, acquiert Moqueuse. Elle participe encore à quelques courses et obtient de bons classements.
Moqueuse a au moins une fille, Titania IV, issue de sa rencontre avec Rendez Vous. Celle-ci participe aussi à des concours hippiques, plus particulièrement au saut d’obstacle. Tout comme sa mère, Titania obtient de bons classements et a une longue carrière devant elle.
Merci pour cette présentation. Je réserve le week-end de la Pentecôte 2025 pour voir le concours des chevaux bretons de Landivisiau!
C’est noté 😉
Bonjour Noëline, merci pour cet article. On souffre pour ce pauvre animal qui ne devait pas demander autre chose qu’un bon pâturage. Quelle fidélité à l’homme ! En même temps j’espère qu’on ne les oubliait pas au moment du banquet. J’ai été impressionné par la charge de goémon qu’on aperçoit sur la charette qu’on lui demandait de tracter.
Merci Régis.
Les chevaux étaient en principe bien traités. Ils servaient aux travaux des champs, au transport, mais conduisaient aussi parfois les futurs mariés à leurs noces. Présents aussi dans les inventaires après décès de leurs propriétaires, ils étaient jugés plus précieux que le mobilier.
Cette image est très parlante, il y en a d’autres dans l’album d’où elle est tiré 🙂
Bravo à Moqueuse pour son beau parcours! La généalogie équine, une nouvelle corde à ton arc?
Je vais peut-être attendre un peu pour la généalogie équine 😂