Monument aux Morts
Les premiers Monuments aux Morts apparaissent dans le pays après la guerre franco-prussienne (1870-1871), à l’exemple de celui de Verzy, dans la Marne.
Ces monuments sont loin d’être une généralité et il faut attendre la fin de la Première Guerre Mondiale pour les voir apparaître de façon plus globale.
Le projet de construction
Le lundi 17 mai 1920, Louis MAZÉ, maire de Guimiliau, fait réunir le Conseil Municipal pour « l’achat d’un monument pour les Morts pour la Patrie ».
En début de séance, il évoque une circulaire du Préfet relative aux subventions que peut donner l’État aux communes pour aider à la construction d’un monument aux Morts.
Cette circulaire découle directement de la loi du 25 octobre 1919 et plus particulièrement de son article 5 :
Des subventions seront accordées par l’Etat aux communes, en proportion de l’effort et des sacrifices qu’elles feront en vue de glorifier les héros morts pour la patrie.
La loi de finances ouvrant le crédit sur lequel les subventions seront imputées réglera les conditions de leur attribution.
Cette loi n’oblige pas à la construction d’un Monument aux Morts, mais incite tout de même les communes à le faire grâce aux subventions possibles.
Rien d’obligatoire donc, mais Louis souhaite tout de même faire ériger un monument pour les Guimiliens morts aux combats.
Depuis le début de l’année, des quêtes ont lieu dans la commune. En mai, elles ont permis de récolter 2 500 Fr pour la construction du monument.
De plus, en février, le conseil a voté une somme de 500 Fr à prendre sur les fonds de la commune. Il y a ainsi un total de 3 000 Fr disponibles.
Cependant, ce budget est insuffisant. D’après les démarches faites auprès des marbriers du coin, il faut un minimum de 4 000 Fr.
Pour le Maire, il est impensable d’organiser une autre quête. Il demande alors une subvention de 1 000 Fr au Préfet.
Les refus
Il faut attendre le 17 juillet pour obtenir une réponse du Préfet. Celui-ci fait savoir que la subvention est refusée pour deux raisons. La première est que le Maire n’a pas transmis les pièces justificatives du projet (ah, l’administration ! ). La seconde est que la subvention demandée dépasse largement les 25 % prévue par la loi.
La commune demande 1 000 Fr et a voté » seulement » un budget de 500 Fr.
Si le Maire veut être aidé par l’État, il devra faire un effort supplémentaire.
Le 22 juillet suivant, Louis adresse un courrier au Préfet avec les pièces justificatives, à savoir :
- Un croquis du monument ;
- Un devis estimatif ;
- L’état global de la souscription publique ;
- Et indique que le monument sera érigé dans le cimetière.
Il ajoute également une délibération du Conseil Municipal. Ce dernier décide finalement de voter un budget de 1 500 Fr.
Il « sollicite, vu les faibles ressources dont dispose la commune, une subvention de l’État ».
Louis fait face à un autre refus, celui de la Commission d’examen des projets de Monuments » aux Morts pour la Patrie ».
L’architecture du monument n’est pas raccord avec le reste des monuments présents. Il faut donc revoir les plans. La Commission des Monuments historiques examinera ensuite le nouveau projet.
Il y aurait lieu d’inviter la Municipalité à faire choix d’un Monument se rapprochant, autant que possible, par son architecture, des édifices classés, notamment de l’ossuaire, qui est de toute beauté. D’ailleurs la Commission des Monuments historiques, qui sera consultée, n’acceptera qu’un projet s’harmonisant avec les autres édifices et il serait dans l’intérêt de la commune de faire dresser le projet par un homme de l’art connaissant bien le caractère des monuments existants déjà à Guimiliau.
Le Monument aux Morts
Dans les mois qui suivent, les plans du nouveau monument aux morts ont été refaits et acceptés par la Commission des Monuments historiques.
Le Monument aux Morts de Guimiliau sera ainsi fait : des marches, un dé et une pyramide.
Le jeudi 23 décembre 1920, le Conseil Municipal est une nouvelle fois réuni, sur convocation du Maire.
Louis rappelle que la souscription faite par les habitants de la commune s’élève à 2 500 Fr. et que le Conseil a voté une somme de 1 500 Fr. sur le budget 1921. Il y a un total de 4 000 Fr. pour la construction du monument.
Les travaux étant simples à réaliser, Louis indique que ce sont les Guimiliens eux-mêmes qui élèveront le Monument aux Morts.
Il explique que par voie d’économie et vu la simplicité du Monument, il y aurait lieu de faire ce petit travail en régie, les charrois de tous les matériaux, moellons pour soubassement et tailles seront faites par les habitants de la commune.
La délibération du Conseil est transmise au Préfet. Le 31 décembre 1920, il accepte le projet et autorise l’exécution des travaux en régie.
Les noms des soixante Guimiliens morts pendant la Première Guerre Mondiale sont gravés sur des plaques en marbre en lettres d’or.
Il en va de même, bien sûr, pour ceux morts durant la Seconde Guerre Mondiale et la Guerre d’Algérie.
Monument aux Morts de Guimiliau- © Collection Personnelle
Source
Les documents utilisés pour la rédaction de cet article se trouvent aux Archives Départementales du Finistère, sous la cote 2 O 1120.
Article écrit dans le cadre des ateliers blog de CLG Formation-Recherches.
Quand la Nation oublie les siens, il ne reste encore et toujours que les élus locaux pour assumer les devoirs de l’État. Quelle tristesse !
Merci Noéline pour ce beau récit, l’histoire de cette population engagée coûte que coûte pour rendre hommage à ses héros.
Merci Charles-Emmanuel
Oui, heureusement qu’à cette époque, la municipalité, malgré son petit budget, n’a rien lâché, sinon, je crois que le MAM n’existerait pas aujourd’hui.
Cet article retraçant la genèse d’un projet municipal pour l’édification d’un monument aux morts m’a beaucoup intéressée, notamment le sujet de la correspondance avec la Commission des monuments historiques. Merci
Merci Véronique.
J’aurais aimé en savoir un peu plus, mon intuition me dit qu’il manque quelques documents à cet échange 🤔
Une très bonne idée que cet hommage
Merci Véronique 🙂
Apparemment, nous avons eu la même idée d’article… Il faut dire que les monuments aux morts des guerres ne manquent pas; Malheureusement ! Bravo pour cette commémoration. Régis
Le sujet me paraissait évident 🙂
Qu’il s’agisse d’une simple plaque dans les toutes petites communes ou de monuments dans celles qui ont pu se le permettre, le principal est que les noms des soldats ne disparaissent pas.