Jean-Mathurin LE BRAS, marin du Morbihan, passe toute sa vie en mer. Voici, en quelques lignes, son histoire.

Jean-Mathurin vient au monde le 29 avril 1874, à Séné, dans le Morbihan. Il est le fils de Jacques-Mathurin, marin de trente-quatre ans, et de Marie-Julienne MORIO, ménagère de vingt-huit ans. Il est le troisième enfant du couple, qui en compte douze.

Hutte de douanier au bord des marais salants, en arrière-plan le bourg de Séné.

Mme NOBLANC, l’accoucheuse, présente le nouveau-né à la mairie le jour-même. Le père de l’enfant, Jacques, a repris la mer quatre jours plus tôt.

Fils, petit-fils et arrière-petit-fils de marin-pêcheur, Jean-Mathurin s’engage tout naturellement dans la marine.

Les premières années en mer

Jean-Mathurin devient officiellement mousse le 16 février 1885. Il n’a pas encore onze ans. Il est inscrit au folio 68, N°266.

Haut du Folio du mousse Jean-Mathurin LE BRAS

Jean-Mathurin garde ce statut jusqu’au 26 février 1891. Durant cette période, il est au service de la marine marchande durant un peu plus de trois ans (40 mois et 64 jours). Il exerce également six mois en tant que pêcheur.

Le 17 mars 1891, Jean-Mathurin embarque à Vannes sur le canot Père Martin, en tant que novice, durant 25 jours. Ce bateau est fait pour la pêche.

Après le Père Martin, Jean-Mathurin embarque uniquement sur des navires de commerce, pour un peu plus d’un an.

Pour son apprentissage en tant que marin, Jean-Mathurin passe cinq années en mer.
Il termine le 27 juillet 1892.

A dix-huit ans, il décide de poursuivre dans la marine.

Le matelot LE BRAS

Le nouveau matricule (F°324, N°645) de Jean-Mathurin fournit sa description physique.

Description physique de Jean-Mathurin LE BRAS

Il est relativement grand pour l’époque puisqu’il mesure 1,74 m. Il a les cheveux et les sourcils châtains, les yeux roux, le front et le nez ordinaire, une grande bouche, un menton rond et le visage ovale.

Jean-Mathurin sait lire, écrire et a reçu un enseignement primaire.

Le 12 septembre 1892, Jean-Mathurin est matelot 3ᵉ classe. Il navigue pour la marine marchande durant 18 mois à bord de la Jeune Henriette et le Prosper Coruf.

Le service militaire

En 1894, vient l’heure du service militaire. Jean-Mathurin quitte alors la marine de commerce pour la marine d’État.

Le 15 mai 1894, il rejoint le 3ᵉ dépôt à Lorient, dans lequel il reste un mois et demi avant de rejoindre le 5ᵉ dépôt de Toulon. Il y fera tout son service militaire.

Carte postale ancienne montrant la caserne du 3e dépôt de Lorient

Caserne du 3e dépôt de Lorient- © Frédéric Viard- https://silorientmetaitconte.net

Durant cette période, il passe matelot 2ᵉ classe (6 janvier 1895), puis matelot 3ᵉ classe (10 août 1896).

C’est également à cette époque que son père, Jacques-Mathurin, décède. La mort survient chez lui, le 30 juin 1895. Il a cinquante-quatre ans.

Retour à la marine marchande

Du 8 au 15 septembre 1897, Jean-Mathurin est à bord de l’Amiral Charner1. Il termine ainsi son service et obtient un congé illimité.

Le 4 octobre suivant, il est de retour dans la marine marchande.

En 1899, le 12 décembre, Jean-Mathurin embarque à bord du Saint-Jean. À la fin du mois, le navire se trouve au large du Finistère Sud, pris en pleine tempête. Il percute des roches avant de sombrer rapidement.
Jean-Mathurin est l’un des survivants.

Ce naufrage ne le décourage pas puisqu’il reprend la mer dès le mois de février 1900.

Jean-Mathurin navigue à bord de tout type de navire : 3 et 4 mâts, vapeur, goélettes, yacht à vapeur…

Le 7 janvier 1908, Jean-Mathurin, trente-trois ans, épouse Marie-Joséphine NOBLANC, couturière, du même âge.

Ensemble, ils ont trois enfants. Malheureusement, ils décèdent tous durant l’enfance.

  • Roger Jean-Louis : 23 décembre 1910- 19 juillet 1911 ;
  • Marie-Francine : 5 avril 1912- 18 février 1915 ;
  • Ferdinand Marie : 26 septembre 1914- 23 novembre 1914.

En 1909 et 1924, le matricule de Jean-Mathurin est manquant (F°320, N°638).

Le patron LE BRAS

À partir du 7 mars 1924, au moins, Jean-Mathurin devient patron. Il a une seule embarcation, la plate2 Joseph.

Il part en mer le 7 mars de chaque année.

Jean-Mathurin navigue avec son bateau jusqu’au 24 juillet 1934.
Après avoir passé une vie en mer, Jean-Mathurin prend une retraite bien méritée.

Pour l’ensemble de sa carrière et par décision en date du 13 juillet 1930, Jean-Mathurin reçoit la médaille d’honneur des marins du commerce.

Le 27 juillet, avec plusieurs autres marins, il est décoré par M. RIO, sous-secrétaire à la marine.

Jean-Mathurin termine sa vie avec son épouse, Marie-Joséphine. Cette dernière décède à Vannes le 8 janvier 1951. Elle a soixante-seize ans.

Seulement quatre jours plus tard, Jean-Mathurin s’éteint à son tour.


Tous les matricules de Jean-Mathurin son disponible sur le site du SHD, Mémoire des Hommes.

  1. Amiral Charner : Croiseur cuirassé de la marine française, il se trouve en patrouille le long des côtes de Syrie lorsqu’il se fait torpiller par un sous-marin allemand. L’attaque a lieu le mardi 8 février 1916. Le croiseur coule en quatre minutes seulement, avec à son bord plus de quatre cents hommes. ↩︎
  2. Plate : bateau ostréicole ↩︎

4 Comments

  1. Bravo Noëline pour cet article qui retrace le destin d’un homme peu banal. Ce métier est une passion mais comporte beaucoup de sacrifices. J’ai une pensée particulière pour sa femme Marie-Joséphine qui a eu le malheur de voir mourir ses 3 enfants en plus des départs constants de son mari. Quelle femme courageuse.

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